Enregistrement No. 55 : 24 Octobre 2184

Je me suis rendu au milieu de cet amas de ruines. C’est très impressionnant de se déplacer dans ces couloirs qui devaient être autrefois parcourus par des êtres autrement plus avancés, technologiquement parlant, que ne l’est l’humanité aujourd’hui. Alors que j’explorais ces couloirs, je me demandais ce qui a pu leur arriver.

Il y faisait terriblement sombre et les reflets de mon projecteur dessinaient des formes terrifiantes sur les murs. J’avais l’impression d’explorer les mystérieux souterrains d’un vieux château hanté comme ceux construits des pierres sombres de l’Ecosse. J’imaginais que les craquements et grincements qui doivent se propager dans toute cette masse seraient sinistres à entendre s’il y avait de l’air pour propager ces sons.

Au détour d’un couloir, je suis tombé sur mon drone en train de rentrer. J’ai donc fait demi-tour et l’ai suivi jusqu’au Colombus. En chemin, je me suis aperçu qu’il avait quelque chose de coller sur lui, un disque fixé avec une sorte de mastic. Je l’ai retiré et rangé dans une sacoche.

Arrivé à l’appareil, je me suis empressé de récupérer ses enregistrements. Il avait parcouru plusieurs couloirs jusqu’à arriver à un cul de sac. Il avait alors essayé de faire demi-tour quand il s’est rendu compte qu’une paroi derrière lui s’était refermée. Il a tourné en rond pendant des heures dans cet espace clos jusqu’à ce qu’à un moment ses capteurs n’enregistrent une montée en pression. Quand la pression a atteint un peu plus d’un bar, de la lumière a pénétré dans l’endroit. Il a détecté qu’un espace s’était libéré derrière lui, mais, pour une raison que j’ignore, il n’est pas parvenu à se retourner. Je pense que c’est à ce moment que quelque chose l’a touché. Il devait être tenu le temps de fixer le disque que je lui ai trouvé collé sur lui. L’image bougeait comme si quelque chose le faisait bouger. Puis quand il s’est enfin libéré et qu’il s’est retourné, il a juste eu le temps de voir la paroi se refermer sans qu’il puisse passer. Il a continué à tourner en rond à la recherche d’une issue. Mais au bout de quelques minutes ses capteurs ont indiqué que la pression diminuait de nouveau, jusqu’à ce que le vide soit complet. Alors la paroi par laquelle il était rentré s’est rouverte et il a entamé son retour. On voit, peu après, qu’il est passé à nouveau devant cette baie vitrée aperçue hier. Je suis presque sûr d’avoir encore vu ce visage un peu félin qui, cette fois, au lieu de se cacher, surveillait son passage. Mais comme le drone était passé en mode économie d’énergie, car parti depuis trop longtemps et cherchant à rentrer au plus vite, il avait éteint tous ses projecteurs. Donc on ne voit pas grand-chose à l’image que la faible lumière venant de cette vitre.

J’ai ensuite examiné le disque trouvé collé sur lui. Il s’agit d’un petit objet circulaire d’environ cinq centimètres de diamètre et d’à peine cinq millimètres d’épaisseur. En le manipulant avec beaucoup de précaution, craignant à un piège, j’ai essayé de trouver un quelconque indice sur son utilité. Puis, en touchant la surface du disque, il se produisit une petite vibration et une image tridimensionnelle apparut. L’image était sombre et floue mais je retrouvais bien ce fantôme que je croyais avoir vu à plusieurs reprises dans les images de mes drones, un visage de forme ovoïde avec un petit museau et des oreilles pointus. La créature se mit à parler, très rapidement, débitant tout un discours fait de sons ne se rapprochant en rien de ce que mon oreille humaine est habituée à entendre. Je reconnaissais juste qu’elle répétait la même chose plusieurs fois et semblait, probablement désespérée, autant que le langage émotionnel puisse avoir d’universel.

Je termine cet enregistrement et retourne immédiatement sur les traces de mon drone pour essayer d’accéder à ce sas où mon drone s’est fait piéger il y a quelques heures. Un dernier détail, d’après ses enregistrements, cette atmosphère à l’air respirable, avec environ un cinquième d’oxygène. Le reste étant essentiellement constitué d’azote et d’hélium, avec quelques traces d’hydrogène et de gaz carbonique. Je pense qu’il devrait être possible pour moi de rentrer là-dedans et d’y respirer normalement.

par Damien Allemand

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